Avec la série de dessins au pastel À la frontière des mondes, Roland Toupet décline un motif proche d’un Nœud sans fin. Il en fait varier le mouvement, les composantes chromatiques et le format. On trouve ce motif tout aussi bien dans l’art Tibétain que dans l’art Chinois ou Celte, où il symbolise l’interdépendance des phénomènes. La stylisation régulière et géométrisée de ce motif traditionnellement employé comme ornement prend néanmoins une apparence beaucoup plus biologique chez Roland Toupet. Elle évoque aussi un organe interne dont les contractions ou les dilatations, variant d’un dessin à un autre, conduisent vers un univers d’ordre plus viscéral. Faisant toujours jouer ensemble des couleurs différentes, choisies pour leur qualité de contraste ou pour leur effet de dissonance. Roland Toupet crée une illusion de profondeur. Formant deux mouvements intriqués se superposant par endroits, ces « boas » à l’allure duveteuse produisent une troisième couleur, plus sourde, et donnant une impression d’état en devenir. Cette forme mutante traduit dans l’imaginaire de Roland Toupet un état du monde dont le mouvement perpétuel est thématisé dans toutes les mythologies. Il la rapproche d’une évocation de cette pression entropique sans précédent qui caractérise l’entrée dans le temps géologique de l’Anthropocène. Ce mouvement nous expose aujourd’hui à l’hubris de la vitesse, à la nécessité de reprendre la mesure de notre condition humaine, composée d’intériorité, ou d’intentionnalité, et de contrainte physique. Par la répétition de cette forme serpentine qu’il déroule et fait évoluer sur le papier sans tracé préalablement réalisé, Roland Toupet entre dans un état de concentration, une temporalité qu’il vit comme ralentie et propice à la réflexion. A travers la réalisation protocolaire de ces dessins, c’est une respiration qu’il recherche d’abord, une forme de détachement méditatif.
Texte : Marguerite Pilven
ALFDM-GF-04 / 120X160 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-GF-05 / 120X160 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-GF-06 / 120X160 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-GF-03 / ALFDM-GF-02 / ALFDM-GF-01 / 78X107 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-05 / ALFDM-MF-02 / ALFDM-MF-03 / ALFDM-MF-08 / ALFDM-MF-07 / ALFDM-MF-06 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-010 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-011 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-012 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-031 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-015 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-013 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-016 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-017 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-018 / 42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-MF-026 / ALFDM-MF-029 / ALFDM-MF-032 / ALFDM-MF-020 / ALFDM-MF-024 / ALFDM-MF-029 / ALFDM-MF-021
42x62 cm / Pastels gras sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-GF-NB-01 / 56X80 cm / Mine de plomb sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-GF-NB-02 / 56X80 cm / Mine de plomb sur papier Fabriano Tiepolo 295g
ALFDM-GF-NB-03 / 105X80 cm / Mine de plomb sur papier Fabriano Tiepolo 295g
Avec l’ensemble de dessins à la mine de plomb intitulé Sous la surface, Roland Toupet travaille autour d’un motif récurrent, celui de l’explosion. Chaque dessin délivre une configuration de matière possible qu’il fait évoluer sans idée préconçue, en jouant sur une forme de hasard, ou d’automatisme permit par un protocole de départ. Le dessin est ici plus dur, plus minéral et brut. Explorant les nuances infimes permises par le graphite, les différences de matité et de brillance, Roland Toupet considère ces petits formats comme autant d’études lui permettant d’expérimenter des effets de matière de façon attentive. Intéressé par la notion de « souvenir-écran » développée par Freud, où le souvenir prend une tonalité visuelle forte, et dont le terme renverrait aux jeux de fascination tel que celui des ombres chinoises, des lanternes magiques, ou du cinéma, Roland Toupet déploie un univers fantasmagorique. Son univers graphique pourrait se lire comme une exploration rêvée de corps physiques à travers la lunette d’un microscope imaginaire.
Texte : Marguerite Pilven
SLS-PF-08 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-05 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-04 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-010 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-011 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-018 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-06 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-03 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-09 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-016 / SLS-PF-019 / SLS-PF-02 / SLS-PF-02 / SLS-PF-014 / SLS-PF-07 / SLS-PF-021 / SLS-PF-015 / SLS-PF-013 / SLS-PF-02 / SLS-PF-020
16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-023 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-026 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-028 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-052 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-039 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-042 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-044 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-045 / 16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-029 / SLS-PF-047 / SLS-PF-053 / SLS-PF-055 / SLS-PF-033 / SLS-PF-037 / SLS-PF-031 / SLS-PF-058 / SLS-PF-030
16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
SLS-PF-029 / SLS-PF-047 / SLS-PF-053 / SLS-PF-055 / SLS-PF-033 / SLS-PF-037 / SLS-PF-031 / SLS-PF-058 / SLS-PF-030
16x24 cm / Mine de plomb sur papier 120g
Lors d’un voyage à Buenos Aires, la puissance et la monumentalité des paysages de la Patagonie et de la Cordillère des Andes enclenchent la réalisation d’une série de dessins traduisant une expérience de la démesure, une transcription très libre du paysage qui forme une série de sérigraphies intitulée Paysages libres et oniriques. Le ciel et la terre semblent se rejoindre dans un poudroiement de matière et d’énergie, ailleurs la cime des montagnes, l’étendue lisse d’un miroir d’eau et les nuages forment un ensemble discontinu où chaque élément du paysage semble se réfléchir dans l’autre et s’incorporer à une totalité. De ce ressenti englobant et immersif du paysage, Roland Toupet extrait aussi des formes plus abstraites qu’il consigne dans des carnets de différents formats. Usant de matières hétérogènes comme le feutre et l’encre, le collage et les compositions sur calque, et de multiples systèmes graphiques : pointillistes, tramés, hachurés, Roland Toupet y déploie un univers graphique foisonnant traversé par un intérêt évident pour les mondes biologiques, le mystère du vivant, la gestation des formes et la structuration des organismes. Ces carnets sont des échantillons, des tests de matière que l’on devine très librement conduits, mus par une exploration aléatoire et fondamentale des possibilités du geste, du matériau, du support.
Texte : Marguerite Pilven